La sagne est le nom local donné aux roseaux (phragmites australis). Récoltés dans les roselières en automne et en hiver, lorsqu’ils sont secs et dépouillés de leurs feuilles, les roseaux sont utilisés pour la couverture de toits en Camargue et surtout dans le nord de la France. Une partie de la récolte est exportée en Angleterre et en Hollande. Longtemps effectuée à la main avec un sagnadou, la coupe de la sagne est aujourd’hui surtout mécanisée. Des programmes de gestion globale sont élaborés avec pour objectif le maintien de cette activité et la sauvegarde de l’intérêt patrimonial des roselières, milieux emblématiques de la Camargue gardoise.

 

LE ROSEAU : DEUX SAISONS DE COUPE

 La sagne d’été

Jusqu’à la mécanisation de l’agriculture et avant que le cheval de trait ne soit abandonné au profit du tracteur, les besoins en fourrage étaient considérables. Le roseau vert, c'est-à-dire les pousses de l’année, constituait un excellent fourrage qui faisait l’objet d’une exploitation locale pendant des siècles.

Coupés verts et séchés sur place, ces gerbes assuraient la majeure partie de la provision fourragère d’hiver pour le bétail aratoire (mules, mulets, ânes).

Le roseau était également utilisé comme litière pour les animaux domestiques. Il devenait fumier et fertilisait les sols arides et acides du plateau des Costières.

 

 La Sagne d'hiver

La sagne (« ce qui est mou » en provençal), telle que nous la connaissons aujourd’hui, est une activité plutôt récente. On peut dire qu’elle a commencé à se développer réellement à partir des années Cinquante. Ce roseau d’hiver servait à fabriquer des paillassons pour le maraîchage de la vallée du Rhône et surtout de la Provence. Il était également utilisé pour protéger des effets du vent les vignes plantées dans les Sables

Suite à la Seconde Guerre Mondiale les besoins agro-alimentaires étaient énormes dans toute l’Europe. Les pays du nord, et notamment la Hollande, pour gagner des terres arables sur la mer, avaient asséché leur marais. Ils ne disposaient donc plus de roseaux en quantité suffisante pour couvrir les toits de leurs maisons.Le roseau hollandais était également prisé par les Anglais du Sud, qui l’utilisaient également pour les toitures de leurs cottages tout comme les Normands et les Bretons, mais en moindre quantité.


Il a donc fallu que les marchands de roseaux partent en quête de nouvelles aires d’approvisionnement. Ils ont prospecté le Sud de la France et notamment la Camargue et la Petite-Camargue. Il s’est trouvé que le roseau de Camargue était de meilleure qualité que son homologue hollandais. Rapidement, à partir des années Soixante, le marché du roseau de Camargue s’est développé au point que les sagneurs se sont convertis à l’exploitation du roseau d’hiver. A l’époque la coupe du roseau était manuelle.

 

 Les sagneurs allaient dans le marais en barque traditionnelle appelées « negachins » ou « barquets ». Ils coupaient la sagne à l’aide du sagnadù, sorte de faucille au manche allongé.